Nouvelle-Aquitaine : un accès aux soins très contrasté

Consacré à l’accès aux soins, l’Observatoire de la Mutualité Française vient de paraître. Alors que la demande de soins s’accroit partout et à tous les âges de la vie, il pointe des disparités importantes en termes de densité médicale. La Nouvelle-Aquitaine n’échappe pas à la règle.

Une population âgée, consommatrice de soins

La consommation de soins, et corrélativement son coût, augmentent partout en France. A cela, deux raisons principales : le développement des maladies chroniques et le vieillissement marqué de la population. Aujourd’hui, en France, plus d’un quart de la population a plus de 60 ans (un tiers dans 30 ans). En Nouvelle-Aquitaine, dans tous les départements à l’exception de celui de la Gironde, les plus de 60 ans sont encore plus nombreux. Les taux les plus élevés s’observent dans les départements de la Creuse (39%) et de la Dordogne (38%). Malheureusement, comme sur le reste du territoire, en Nouvelle-Aquitaine, l’inflation de la demande de soins se heurte à une densité médicale disparate qui alimente les inégalités d’accès aux soins.

La dépense moyenne de santé d’un homme âgé de 70 à 74 ans est 8 fois plus élevée que celle d’un homme de 20 à 24 ans.

Des départements inégalement dotés en médecins généralistes et spécialistes

En France métropolitaine, on compte en moyenne 152 généralistes et 190 spécialistes pour 100 000 habitants. Ces chiffres cachent de profondes disparités. Ainsi, en Nouvelle-Aquitaine, si l’on peut compter jusqu’à 194 généralistes pour 100 000 habitants dans les Pyrénées-Atlantiques, département le mieux doté, on n’en comptabilise que 129 en Lot-et-Garonne. Il en est de même pour les spécialistes. La Gironde affiche le meilleur taux avec 247 professionnels pour 100 000 habitants. La Creuse est, quant à elle, largement sous dotée avec seulement 88 spécialistes pour 100 000 habitants alors que sa population est la plus âgée.
Source de préoccupation supplémentaire, les départements pauvres en généralistes sont souvent ceux qui comptent le plus de médecins âgés. Que se passera-t-il quand ils partiront à la retraite ? Alors qu’en moyenne 48% des médecins français sont âgés de 55 ans et plus, ils sont 67% à être dans cette tranche d’âge en Creuse, 59% en Lot-et-Garonne, 56% en Charente et en Dordogne.

Des mesures pour répondre à la demande de soins qui séduisent

Pour pallier la faible densité médicale, différentes mesures ont été mises en place comme la télémédecine ou encore la délégation aux pharmaciens d’officine de la vaccination antigrippale qui a permis de libérer l’équivalent de 30 consultations par médecin par an. Ces mesures rencontrent un certain succès en Nouvelle-Aquitaine. Ainsi, la part des vaccins effectués en officine est proche de la moyenne nationale (25%) dans tous les départements, avec parmi les départements les plus avancés, la Gironde et les Pyrénées-Atlantiques (29%) et, plus en retrait, la Charente et la Creuse (21%). Quant aux téléconsultations réalisées par des opérateurs privés, sauf dans les Deux-Sèvres et la Vienne, elles ont bondi partout pendant le confinement, jusqu’à atteindre une augmentation de 2029% en Creuse (+97% sur l’ensemble de la France).

Ces initiatives probantes montrent que le creusement des inégalités d’accès aux soins n’est pas irrémédiable. La Mutualité Française veut aussi en témoigner dans le débat public avec les propositions qu’elle a porté lors du Ségur de la santé comme, par exemple, le partage des compétences entre professionnels de santé, le développement des téléconsultations et des espaces de santé pluriprofessionnels.

Télécharger l’Observatoire 2020 – Accès aux soins