Médicaments : une campagne nationale pour mieux les utiliser

Le ministère de la Santé a lancé le 2 mars dernier une campagne nationale d’information pour promouvoir le bon usage du médicament. Son objectif : rappeler qu’il ne s’agit pas d’un produit comme les autres et encourager les patients à respecter les doses prescrites ou conseillées par les professionnels de santé. La Mutualité Française salue cette initiative mais en regrette les limites.

 Le ministère de la Santé lance le 2 mars une campagne nationale  d’information pour promouvoir le bon usage du médicament. Son objectif :  rappeler qu’il ne s’agit pas d’un produit comme les autres et  encourager les patients à respecter les doses prescrites ou conseillées  par les professionnels de santé. La Mutualité Française salue cette  initiative mais en regrette les limites.

Respect des doses recommandées, délai entre les prises, date de  péremption : « Les médicaments, ne les prenez pas n’importe comment ! »  C’est le slogan de la nouvelle campagne nationale d’information et de  sensibilisation lancée le 2 mars par le ministère de la Santé. « Le  médicament contient des substances actives qui ont des effets sur votre  organisme. Mal utilisé, il peut être dangereux », font valoir les  autorités sanitaires dans un spot télévisé qui sera diffusé jusqu’au 24  mars sur 22 chaînes.

Une meilleure conscience du risque
En dépit d’une certaine  méfiance affichée depuis l’affaire Médiator®, les Français entretiennent  toujours un rapport particulier avec le médicament. Ils en sont ainsi  les plus grands consommateurs en Europe, derrière le Royaume-Uni. En  2010, chaque habitant a avalé en moyenne 48 boîtes, selon l’Agence  française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).

Parmi  ces produits, les médicaments d’aide à l’endormissement sont  particulièrement prisés. « Chaque année, un Français sur cinq consomme au  moins une benzodiazépine ou une molécule apparentée », précise  l’Afssaps. Un chiffre inquiétant à la lumière d’une étude américaine qui  montre un risque accru de décès prématuré parmi ces consommateurs. De  plus, « l’usage de benzodiazépines majore le risque d’accidents de la  route, ainsi que les troubles de la mémoire et du comportement chez les  personnes âgées », rappelle Laure Lechertier, responsable du département  politique des produits de santé à la Mutualité Française.

L’objectif  de cette campagne : « Faire prendre conscience des risques liés à la  banalisation de la consommation du médicament et réaffirmer le rôle  prépondérant des professionnels de santé. » Il s’agit notamment d’inciter  les patients à respecter les recommandations de leur médecin ou de leur  pharmacien, insiste le ministère. En effet, « son usage optimal relève  d’une responsabilité partagée par tous les acteurs ». C’est pourquoi,  parallèlement à la campagne de presse, 125.000 affichettes qui en  reprennent les messages-clef sont distribuées aux médecins et aux  pharmaciens.

Sortir du tout-médicament
La Mutualité Française « se félicite  de cette initiative. Le gouvernement fait ainsi passer un message  simple, mais essentiel », réagit Laure Lechertier. Toutefois, « cette  campagne ne répond pas à une question majeure : comment sortir de la  culture du tout-médicament ? Dans de nombreuses situations, les  alternatives non médicamenteuses sont plus performantes et moins  risquées ». Une analyse confirmée par un rapport de la Haute Autorité de  santé (HAS), diffusé en avril 2011 sur ces « prescriptions sans produit ».

« D’autres  pistes restent à explorer, comme une meilleure lisibilité des notices  d’utilisation ou une meilleure connaissance de la dénomination commune  internationale (DCI) », qui désigne les médicaments par le nom de la  molécule et non celui de la marque, ajoute Laure Lechertier. Sur ce  dernier point, la Mutualité Française avait préconisé la mise en place  d’une « base de données indépendante d’information sur le médicament à  destination du grand public ». La nouvelle loi sur le médicament, adoptée  fin 2011, prévoit sa création. « La Mutualité sera très vigilante sur sa  mise en œuvre dans les meilleurs délais », avertit-elle.

Alexandra Capuano