Cancer de la peau : les cabines de bronzage sont grillées !

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Les UV artificiels sont responsables de cancers de la peau. Comme pour le tabac, l’association de la Sécurité solaire demande aux pouvoirs publics d’instaurer une taxe sur les cabines de bronzage pour en décourager l’usage. Certains médecins prônent une interdiction pure et simple. Mais pour le moment, le ministère de la Santé fait la sourde oreille.

Les UV au même range sur l’amiante, le tabac et l’alcool

La nocivité des UV artificiels ne fait plus aucun doute. En 2009, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé les rayonnements ultraviolets artificiels dans la liste des cancérigènes, au même rang que l’amiante, le tabac, l’alcool… Depuis, les États-Unis ont décidé de taxer les cabines de bronzage pour en limiter l’usage et le Brésil les a interdites.

En France, les clients remplissent toujours les solariums aux tarifs très attractifs : à partir de 4, 5 ou 6 euros la séance. Ces dernières années, leur nombre n’a cessé d’augmenter, reconnaît la Direction générale de la santé (DGS). On compte plus de 5.000 cabines en France.

Taxer plutôt qu’interdire ?

Face à ces risques grandissants, l’association la Sécurité solaire ̵ centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’éducation solaire ̵ préconise l’instauration d’une taxe sur les cabines de bronzage et non leur interdiction. « Nous demandons très clairement aux pouvoirs publics d’être cohérents, justifie son président, Pierre Césarini. Si le tabac est autorisé et taxé, alors les cabines doivent l’être de la même façon. »

Cette taxe, en augmentant le prix d’une séance, vise à limiter le développement du marché des UV et « surtout décourager les plus jeunes, cœur de cible de la profession », argumentent l’association et plusieurs chercheurs dans un article paru fin 2010 dans La Presse médicale. Mais pour le Syndicat national des professionnels du bronzage en cabine (SNPBC) : « Une telle taxe aurait des effets désastreux pour la santé économique des centres de bronzage qui sont autant de pourvoyeurs d’emplois. »

« Informer et prévenir »

« Il ne faut pas croire qu’en augmentant le prix des séances, on aura tout résolu », estime pour sa part le Pr Jacques Bazex, ancien chef de service de dermatologie et membre de l’Académie nationale de médecine. Selon lui, c’est l’interdiction des cabines de bronzage qui serait la mesure la plus adaptée. « Mais elle n’a jamais été envisagée, alors à défaut, il faut aussi informer et prévenir. »

L’Académie recommande une interdiction de la publicité pour les cabines de bronzage et une information lisible apposée sur tous les appareils alertant sur les risques de cancers. Ces messages de prévention existent déjà pour un cancérigène bien connu, le tabac.

Une campagne qui se fait attendre

L’Institut national du cancer (Inca) estime lui aussi nécessaire de mieux informer le public. La campagne de prévention annoncée en 2009 par le ministère de la Santé n’a pourtant toujours pas vu le jour. Or, dans les solariums et autres centres esthétiques, on a plutôt tendance à minimiser le danger, commerce oblige.

Le syndicat des exploitants de cabines n’hésite pas d’ailleurs à mettre en avant des bénéfices pour la santé d’une exposition aux UV artificiels. « Une exposition régulière et raisonnable aux UV en cabine est bénéfique pour maintenir un niveau de vitamine D dans l’organisme », écrit-il dans un communiqué fin 2010.

Une affirmation contredite par le Pr Bazex : « Il est scientifiquement reconnu que le bronzage en cabine ne participe pas à la transformation de la vitamine D. Il ne traite pas non plus la dépression saisonnière et ne permet pas l’installation d’une pigmentation protectrice. »

Le nombre de mélanomes double tous les dix ans

Les pouvoirs publics se limitent à rappeler pour l’heure qu’une réglementation existe déjà. Ce cadre interdit notamment l’accès des cabines aux mineurs. Le Plan cancer 2009-2013 prévoit de le faire évoluer.
Se dirige-t-on vers une taxe, une interdiction, une information renforcée ? Les discussions sont en cours, répond, laconique, la Direction générale de la santé. « Alors que le nombre de mélanomes double tous les dix ans, on laisse faire », s’insurge le Pr Bazex.

Sandra Jégu