Augmentation du tarif des mutuelles : combien et pourquoi ?

Une augmentation variable mais modérée des tarifs

Comme chaque année, la Mutualité Française a enquêté sur l’évolution du prix des cotisations des complémentaires santé mutualistes. L’étude a porté sur 35 « vraies mutuelles » qui couvrent, ensemble, plus de 18 millions de Français. Résultat : les tarifs augmentent de 4,7% en moyenne en 2023. Et pour la deuxième année consécutive, la hausse est plus forte pour les contrats collectifs, c’est à dire les contrats d’entreprise. Elle avoisine les 5,7% en moyenne contre 4,1% pour les contrats individuels. « Les contrats collectifs sont ceux qui sont le plus en déséquilibre. Les cotisations ne permettaient pas de faire face à l’ensemble des prestations », explique Eric Chenut, président de la Mutualité Française. Pour autant, cette hausse reste modérée. Elle demeure inférieure à l’inflation (5,9% en moyenne en 2022) ainsi qu’à l’augmentation du plafond de la sécurité sociale.

Une forte hausse des remboursements des soins…

Plusieurs facteurs sont à l’origine du relèvement des tarifs.  Le premier relève de la logique : quand les dépenses de santé augmentent, il en va de même des remboursements des mutuelles. Or, en 20 ans, le vieillissement de la population, la multiplication des affections longue durée ainsi que l’amélioration des soins ont fait doubler les dépenses de santé.
S’ajoutent également deux autres explications : le rattrapage des soins reportés du fait de la crise sanitaire et, aussi, le succès du 100% santé. Ce dernier a représenté une dépense supplémentaire de 900 millions d’euros pour les mutuelles. En 2021, le rattrapage des soins et le 100% santé ont entrainé des niveaux de rentabilité négatif pour les mutuelles. Concrètement, ces dernières ont eu des dépenses supérieures au montant des cotisations encaissées. Et en 2022, les remboursements ont continué de progresser.

… Et aussi des taxes et des prélèvements !

Enfin, il ne faut pas oublier l’envolée des taxes prélevées sur les contrats des mutuelles. Leur montant a été multiplié par 8 en 20 ans. Une taxe Covid d’1,5 milliard d’euros, totalement injuste et injustifiée, s’est même ajoutée en 2020 et 2021 en dépit du rattrapage avéré des soins après le confinement. Et cela risque de continuer : un transfert de 300 millions d’euros de l’Assurance Maladie Obligatoire (la Sécurité sociale) vers l’Assurance Maladie Complémentaire (les complémentaires santé) est prévu en 2023.

Rappelons-le : même à but non lucratif, les mutuelles sont soumises à l’obligation d’équilibrer leurs comptes. Elles ne peuvent être déficitaires ou créer de la dette. Quand elles augmentent leurs tarifs, elles font en sorte de les ajuster au plus juste. D’ailleurs, entre 2019 et 2022, elles ont augmenté les cotisations de 8,4% (taxes incluses) alors même que les remboursements ont progressé de 10,1%. Les taxes et prélèvements se répercutent sur le pouvoir d’achat des Français. Les mutuelles en ont bien conscience.