Marisol Touraine a ouvert, le 12 janvier, une grande concertation citoyenne sur la politique vaccinale de la France. Sans exclure une remise en question des vaccins obligatoires.
Comment rétablir la confiance des Français vis-à-vis de la vaccination ? C’est l’enjeu majeur du plan d’action annoncé par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, le 12 janvier, à l’occasion de la remise du rapport de l’ancienne députée socialiste, Sandrine Hurel, sur la politique vaccinale de la France.
Car les autorités sanitaires s’inquiètent du mouvement de défiance à l’égard des vaccins, qui semble s’être installé, depuis plusieurs années, en France. Soupçons d’effets secondaires graves liés aux vaccins contre l’hépatite B, mauvaise gestion de la campagne de vaccination contre la grippe H1N1 en 2009-2010, polémiques sur les risques liés aux adjuvants : les controverses se succèdent et sèment le doute.
Ainsi les derniers chiffres de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) confirment une baisse de la vaccination chez les tout-petits (-5% chez les nourrissons entre 2014 et 2015), une couverture vaccinale très insuffisante contre l’hépatite B et les infections à papillomavirus humain (HPV) et la résurgence d’épidémies comme la rougeole (365 cas dans le Haut-Rhin en 2015).
Une politique vaccinale illisible
Comment expliquer ce climat de suspicion ? Pour Marisol Touraine, il tient pour partie à la « désinformation entretenue par certains », ainsi qu’à la « perception que ces maladies graves auraient disparu ». Mais la ministre reconnaît également « une insuffisante lisibilité de notre politique vaccinale ». Dans son rapport, Sandrine Hurel pointe tout particulièrement la différentiation, qu’elle ne juge « pas pertinente », entre les vaccins obligatoires et les vaccins recommandés.
En France, seule la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) est obligatoire. « D’autres vaccins ne sont que recommandés en population générale et non obligatoires, regrette-t-elle, alors que la vaccination contribue à une protection collective vis-à-vis de maladies infectieuses graves », parmi lesquelles la coqueluche, la rubéole, la rougeole, les hépatites B ou les infections à papillomavirus humains (HPV).
Pour ajouter à la confusion, le vaccin trivalent DT-Polio (qui comprend les seuls vaccins obligatoires) n’est plus disponible sur le marché depuis 2008, suite à une augmentation importante des allergies.
Les autorités sanitaires recommandent donc aux familles de recourir à des vaccins combinés, qui associent la vaccination DT-Polio, avec celle contre la coqueluche, l’hæmophilus influenzae de type B et l’hépatite B. Une aberration pour les parents qui souhaitent s’en tenir aux vaccins obligatoires et n’ont, dans les faits, plus la possibilité de le faire.
Suspendre l’obligation ?
Marisol Touraine a donc annoncé l’organisation d’une « grande concertation citoyenne », tout au long de l’année 2016.
Objectif : « faire évoluer très concrètement notre politique vaccinale ». Un comité d’orientation, placé sous l’égide du Pr Alain Fischer, spécialiste en immunologie pédiatrique, devra formuler ses conclusions en décembre prochain, avec trois scénarios possibles :
- La suspension de l’obligation vaccinale, avec un renforcement de la surveillance du taux de couverture et un contrôle des vaccinations à la scolarisation des enfants.
- Le maintien de l’obligation vaccinale.
- Le maintien de l’obligation vaccinale avec une révision de la liste des vaccinations obligatoires.
D’autres mesures, destinées à assurer une meilleure information du grand public et des professionnels de santé, ont été présentées, parmi lesquelles la création d’un site internet dédié à la vaccination et la mise en œuvre d’un carnet de vaccination électronique, qui permettra d’améliorer le suivi du statut vaccinal des patients. Un « comité des parties prenantes », composé de professionnels de santé, d’experts et d’usagers, sera, en outre, chargé d’identifier les réticences et d’anticiper les situations de crise.
Enfin, le plan prévoit plusieurs dispositions, afin de prévenir les pénuries de vaccins. Des sanctions financières pourraient être prononcées contre les industriels qui ne garantissent pas l’approvisionnement des produits.
Connaître et télécharger le calendrier vaccinal.
Sophie Lecerf
© Agence fédérale d’information mutualiste (Afim)
Source : www.mutualite.frFlorence Wolff