Concernant les 12-18 ans, pratiquement tous les départements néo-aquitains enregistrent un taux d’hospitalisation lié à une tentative de suicide supérieur à la moyenne nationale
La Mutualité Française vient de publier un observatoire consacré à santé mentale. Il dresse un tableau inquiétant en France. Principaux constats et indicateurs chiffrés pour l’ensemble des départements de la Nouvelle-Aquitaine.
En termes de santé mentale, la France ne va pas bien. En Nouvelle-Aquitaine, le tableau est encore plus préoccupant. On observe toutefois certains disparités au niveau départemental.
En Charente, de nombreux indicateurs sont au rouge. En effet, le taux d’hospitalisation pour tentative de suicide, des 65 ans et plus est de 2 points plus élevé que la moyenne régionale. Celui des 12-18 ans est également de 2 points supérieur à la moyenne nationale. Malheureusement, le département est celui qui comptabilise le moins de psychiatres (12 contre 22 pour 100 000 habitants en Nouvelle-Aquitaine). Il est également celui où ces professionnels sont parmi les plus âgés et pratiquent le plus de dépassements d’honoraires. Enfin, la Charente est particulièrement sous-dotée en psychologues (99 pour 100 000 habitants contre 108 en moyenne dans la région) et en places en établissements psychiatriques (127 contre 154). Points positifs : le nombre de pédopsychiatres et de centres médico-psychologiques est par contre nettement supérieur à la moyenne, tant régionale que nationale.
Charente-Maritime
Triste constat, la Charente-Maritime affiche le record d’hospitalisation des jeunes de 12 à 18 ans pour tentative de suicide : 29,5 hospitalisations pour 10 000 jeunes (contre 16 en moyenne en France et 19 en Nouvelle-Aquitaine). De même, le taux d’hospitalisation des 65 ans et plus est plus élevé que celui observé tant en France qu’en Nouvelle-Aquitaine. Malheureusement, la Charente-Maritime fait clairement figure de parent pauvre en termes d’accès aux soins. Elle détient le plus faible nombre de psychologues de la région (95 pour 100 000 habitants contre 108). Elle compte également peu de psychiatres (16 contre 22) et de places en établissements de soins psychiatriques (125 contre 154). Seul point positif : le nombre de pédopsychiatres est de 2 points supérieur au taux régional.
Creuse
En Creuse, le taux hospitalisation des 12 à 18 ans pour tentative de suicide est de presque 6 points supérieur au taux national. Or, les psychiatres (16 séjours hospitaliers pour 100 000 habitants contre 22 sur l’ensemble de la région) et psychologues (102 contre 108) y sont nettement moins nombreux qu’en moyenne sur la région.
Le département compte, toutefois, plusieurs points positifs : le nombre de places en soins psychiatriques le plus élevé de la région (255 contre 154 en moyenne), une offre deux fois supérieure en centres médico-psychologiques (10 pour 100 000 habitants contre 5) et en pédopsychiatres (13 pour 100 000 enfants contre 6). De plus, 89% des psychiatres ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires.
Corrèze
Les indicateurs observés en Corrèze conduisent à une situation extrêmement préoccupante. Le taux hospitalisation des jeunes de 12 à 18 ans pour tentative de suicide est, notamment, particulièrement important : près de 23 hospitalisations pour 10 000 jeunes contre 16 en moyenne au plan national et 19 au plan régional. Malheureusement, avec moins de psychiatres (14 pour 100 000 habitants contre 22 en Nouvelle-Aquitaine), moins de psychologues (97 contre 108) et, surtout, le plus faible taux de centres médico-psychologiques de la région (3 pour 100 000 habitants contre 5), le département n’est pas le mieux loti en termes d’accès aux soins.
Points positifs : le nombre de pédopsychiatres est de 3 points supérieur au taux observé sur la région et 80% des psychiatres ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires (80%).
Deux-Sèvres
Dans les Deux-Sèvres, comme dans de nombreux autres départements de Nouvelle-Aquitaine, les jeunes ne vont pas très bien. De fait, le taux d’hospitalisation des 12 à 18 ans pour tentative de suicide est de presque 5 points supérieur au taux national. Malheureusement, en termes d’accès aux soins, le département n’est pas le mieux loti de la région : moins de pédopsychiatres (5 contre 6 en Nouvelle-Aquitaine pour 10 000 jeunes de 0 à 14 ans), moins de places en établissement de soins psychiatriques (130 contre 154) et, surtout, peu de psychiatres (13 contre 22 pour 100 000 habitants).
Points plus positifs : le nombre de centre médico-psychologiques est légèrement plus élevé (7 pour 100 000 habitants contre 5) et, surtout, 78% des psychiatres ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires.
Dordogne
La santé mentale est un sujet préoccupant en Dordogne. En effet, le taux d’hospitalisation, pour tentative de suicide, des 12 à 18 ans est légèrement plus faible que celui observé sur l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine mais il est de 2,5 points supérieur au taux national. De même, celui des 65 ans et plus est supérieur, tant au taux régional (+1 point) qu’au taux national (près de 2 points).
Malheureusement, la Dordogne compte peu de psychiatres (13 pour 100 000 habitants contre 22 sur l’ensemble de la région) et peu de psychologues (98 contre 108). Autre facteur inquiétant : 71% des psychiatres installés sur ce territoire avaient 55 ans ou plus au 1er janvier 2020, ce qui conduit à prédire une aggravation de la situation dans les prochaines années.
Plusieurs points sont toutefois positifs en Dordogne : il existe un nombre important de centres médico-psychologiques (8 pour 100 000 habitants contre 5 en Nouvelle-Aquitaine) ainsi que de places en établissement de soins psychiatriques (197 pour 100 000 habitants contre 137 en moyenne en France et 154 en région).
Gironde
En Gironde, comme dans la quasi-totalité des autres départements de Nouvelle-Aquitaine, le taux hospitalisation des 12 à 18 ans pour tentative de suicide est élevé : de 4 points supérieur au taux national (1 point supérieur au taux régional). Heureusement, le département est celui où l’accès aux soins est le plus facilité puisqu’il affiche, au plan régional, la plus forte concentration de psychiatres (35 pour 100 000 habitants contre 22 en Nouvelle-Aquitaine) ainsi que de psychologues (125 contre 108). Les pédopsychiatres sont également bien représentés (11 pour 100 000 jeunes contre 6 sur l’ensemble de la région).
Haute-Vienne
La Haute-Vienne présente des indicateurs particulièrement alarmants en matière d’hospitalisation pour tentative de suicide, tant pour les 12-18 ans (26 séjours hospitaliers pour 10 000 jeunes contre 16 en moyenne en France et 19 en Nouvelle-Aquitaine) que pour les 65 ans et plus. L’accès aux soins s’avère toutefois facilité. En effet, le département affiche une forte densité de psychiatres (29 pour 100 000 habitants contre 22 en Nouvelle-Aquitaine), de centres médico-psychologiques (9 contre 5) et de places en établissements de soins psychiatriques (202 pour 100 000 habitants contre 154). Autres points positifs : c’est en Haute-Vienne que le taux de psychiatres de 55 et plus est le plus faible (ce qui éloigne le risque de pénurie dans les années à venir) et 87% d’entre eux ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires.
Landes
La situation dans les Landes est en demi-teinte. Les taux d’hospitalisation pour tentative de suicide, sont très proches de ceux observés au plan national, tant pour les 12-18 ans que pour les 65 ans et plus. Toutefois, celui des jeunes landais est de 3 points inférieur à celui observé sur l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine.
Concernant l’accès aux soins, le département n’est pas le mieux loti de la région : moins de psychiatres (15 pour 100 000 habitants contre 22 en Nouvelle-Aquitaine), moins de psychologues (98 contre 108) et, surtout, peu de places en établissements de soins psychiatriques (122 pour 100 000 habitants contre 154).
Points positifs : les Landes se distinguent par la plus forte densité de centres médico-psychologiques de la région (13 pour 100 000 habitants contre 5) et, surtout, par le fait qu’aucun psychiatre ne pratique de dépassements d’honoraires.
Lot-et-Garonne
Dans le département du Lot-et-Garonne, le taux d’hospitalisation des 12-18 ans pour tentative de suicide est de plus de 3 points supérieur au taux observé sur l’ensemble de la France. Il est également légèrement supérieur à celui de la Nouvelle-Aquitaine. Malheureusement, en termes d’accès aux soins, le département n’est pas le mieux loti de la région : moins de psychiatres (14 pour 100 000 habitants contre 22 en Nouvelle-Aquitaine), moins de psychologues (100 contre 108) et moins de places en établissements de soins psychiatriques (129 pour 100 000 habitants contre 154). Autre source de préoccupation : 64% des psychiatres sont âgés de 55 ans ou plus.
Points positifs : le Lot-et-Garonne se distingue par la plus forte densité de pédopsychiatres (19 pour 100 000 enfants contre 6) et, surtout, par le fait qu’aucun psychiatre ne pratique de dépassements d’honoraires.
Pyrénées-Atlantiques
Le département des Pyrénées-Atlantiques est clairement le département où il fait bon vivre. Alors que la situation est globalement préoccupante en Nouvelle-Aquitaine, tous les voyants y sont au vert. Pour les 12-18 ans, on y observe, en effet un taux d’hospitalisation pour tentative de suicide de 10 points inférieur à celui de la France et même 13 points inférieur à celui de la région. Les 65 ans et plus sont également davantage préservés avec un taux d’hospitalisation de moins de 3 pour 10 000 habitants du même âge (6 en Nouvelle-Aquitaine et un peu plus de 5 en France). Pour autant, la population est globalement bien lotie en termes d’accès aux soins avec une densité de professionnels (psychiatres, pédopsychiatres, psychologues) et de services (centres médico-psychologiques et places en établissements de soins psychiatriques) équivalente, voire supérieure, à celle observée sur l’ensemble de la région.
Vienne
Concernant les indicateurs sur la santé mentale, la Vienne est clairement le département dont la situation se rapproche le plus de celle observée sur l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine. Deux points la distinguent toutefois singulièrement. Elle affiche un taux d’hospitalisation pour tentative de suicide des jeunes de 12 à 18 ans parmi les plus faibles de la région (Moins de 14 pour 10 000 jeunes contre 19 pour l’ensemble de la région). Elle présente également la plus faible densité de pédopsychiatres (1 pour 100 000 enfants jusqu’à 14 ans contre 6 en moyenne en Nouvelle-Aquitaine).