En Nouvelle-Aquitaine, les jeunes sont particulièrement touchés par les tentatives de suicide.
Publié en juin dernier, l’Observatoire de la Mutualité Française consacré à la santé mentale, témoigne de l’importance des troubles psychiques en France et d’un accès inégal aux soins. Zoom sur la Nouvelle-Aquitaine.
De nombreuses tentatives de suicides chez les très jeunes
En France, on dénombre plus de 8 500 décès par suicide par an (soit un peu plus de 13 décès pour 100 000 habitants) et près de 87 000 séjours hospitaliers pour tentative de suicide (soit un taux de 148 pour 10 000 habitants). Ce phénomène n’épargne pas les jeunes, encore moins en Nouvelle-Aquitaine. En effet, en France, le taux d’hospitalisation lié à une tentative de suicide est de 16 pour 10 000 jeunes de 12 à 18 ans. Il est de 19 dans la région. Pratiquement tous les départements néo-aquitains enregistrent un taux d’hospitalisation supérieur à la moyenne nationale pour les jeunes. Le record est atteint en Charente-Maritime : plus de 29 hospitalisations en moyenne par an. A contrario, les Pyrénées-Atlantiques se singularisent par un taux très faible (seulement 6).
Concernant les personnes de 65 ans et plus, le constat est un peu moins alarmant. La région affiche un taux d’hospitalisation pour tentative de suicide légèrement supérieur à la moyenne nationale (6,1 pour 10 000 habitants de 65 ans et plus contre 5,4). Au plan départemental, la Haute-Vienne enregistre le taux d’hospitalisation le plus élevé de la région (7,5) tandis que les Pyrénées-Atlantiques se distinguent à nouveau, avec le taux le plus faible (moins de 3).
Des départements en manque de psychiatres et psychologues
Avec 23 professionnels pour 100 000 habitants, la France dispose d’un nombre de psychiatres parmi les plus élevés d’Europe. La Nouvelle-Aquitaine est également dans ce cas (22). Toutefois, 8 départements s’avèrent nettement sous-dotés. La pénurie la plus forte s’observe en Charente avec seulement 12 psychiatres pour 100 000 habitants. À l’opposé, la Gironde est la mieux lotie, y compris au plan national (35). Fait aggravant, certains départements cumulent même un double handicap : peu de psychiatres et une forte représentation de 55 ans et plus parmi eux. C’est le cas de la Dordogne (71% des psychiatres de 55 ans ou plus au 1er janvier 2020), de la Charente (70%) et, dans une moindre mesure, du Lot-et-Garonne (64%).
Concernant les psychologues, la pénurie s’observe cette fois sur l’ensemble de la région (seulement 108 professionnels pour 100 000 habitants contre 110 en France). Surtout, 9 départements sont en dessous du taux régional. Parmi eux, la Charente-Maritime fait clairement figure de parent pauvre avec seulement 95 professionnels pour 100 000 habitants tandis que la Gironde se distingue, à nouveau, par sa situation nettement plus favorable (125).
Etablissements de soins : de fortes disparités territoriales
Enfin, si globalement le nombre de centres médico-psychologiques (CMP) sur l’ensemble de la région est identique au taux national (5 centres pour 100 000 habitants), on observe, à nouveau de fortes disparités sur le territoire. Les Landes comptent ainsi 13 centres pour 100 000 habitants et la Corrèze, seulement 3.
Le constat est le même concernant le nombre de places en établissements de soins psychiatriques. Avec 154 établissements pour 100 000 habitants (137 en France), la région est globalement bien équipée. Mais 4 départements comptabilisent tout de même moins de 130 places : le Lot-et-Garonne (129), la Charente (127), la Charente-Maritime (125) et, surtout, les Landes (122). Les départements les plus favorisés sont nettement les Pyrénées-Atlantiques et, surtout, la Creuse avec, respectivement, 175 et 255 places.
Deux points positifs
Deux points positifs sont, toutefois, à noter en Nouvelle-Aquitaine. Le premier concerne le nombre de pédopsychiatres. En effet, 10 départements disposent d’une offre supérieure à celle observée sur l’ensemble du territoire. Le Lot-et-Garonne détient le record avec 19 professionnels pour 100 000 enfants de 0 à 14 ans (6 en Nouvelle-Aquitaine et 5 en moyenne en France). Seule la Vienne fait figure de parent pauvre avec 1 professionnel pour 100 000 habitants.
Deuxième source de satisfaction : le coût de la consultation chez un psychiatre. En Nouvelle-Aquitaine, 76% des psychiatres exercent en secteur 1 ( contre 67% sur l’ensemble du territoire). Cela signifie qu’ils ne pratiquent aucun dépassement d’honoraires. A l’exception de la Charente (59%) et de la Charente-Maritime (69), tous les autres départements sont même en situation plus favorable. Le record est détenu par le Lot-et-Garonne et les Landes : 100% des professionnels en secteur 1 !
FOCUS SUR LES 12 DEPARTEMENTS NEO-AQUITAINS