Pour éviter le "burn-out" de notre système de santé, la Mutualité Française demande des mesures d'urgence pour assurer la continuité des soins sur les territoires
Notre système de santé est à bout de souffle. La Mutualité Française demande des mesures d’urgence de la part des Pouvoirs publics et formule 12 propositions pour le prochain quinquennat.
Un manque criant de personnels
A l’approche de l’été, Eric Chenut, président de la Mutualité Française, lance un cri d’alerte. Désormais, les Français ne sont plus seulement confrontés à la difficulté de trouver un médecin généraliste ou d’obtenir un rendez-vous chez le spécialiste dans un délai raisonnable. La pénurie de personnel s’étend dans tous les secteurs du soins et de l’accompagnement, y compris dans les établissements mutualistes. Ici, les services d’urgences sont contraints de restreindre l’accueil des malades. Là bas, les maternités doivent fermer temporairement. Ailleurs, ce sont les Ehpad qui font appel à la bonne volonté des familles… Partout, les soignants et accompagnants sont épuisés. Exposés à des injonctions paradoxales et à une dégradation de leurs conditions de travail, ils sont nombreux à raccrocher leurs blouses. Aussi, pour éviter le « burn-out » de notre système de soins, la Mutualité Française demande aux Pouvoirs publics de prendre des mesures d’urgence. En premier lieu, il faut assurer la bonne organisation des soins de premier recours. En effet, elle conditionne la stabilité de l’ensemble de notre système de santé. Il faut également assouplir au plus vite les règles de recrutement et rendre les conditions de travail plus attractives. De fait, la revalorisation des salaires opérée dans le cadre du Ségur ne suffit pas.
La Mutualité Française appelle également à bâtir une politique globale de prévention. En effet, entre 15 et 25% seulement de notre état de santé est déterminé par le système de santé. Ce sont nos choix et habitudes de vie qui importent le plus. Or, seulement 7,5% des jeunes respectent les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) concernant, par exemple, la pratique régulière d’une activité physique. Autre constat préoccupant : entre 40 et 50 ans, 25% de la population cumulent déjà une ou deux pathologies chroniques. La Mutualité Française insiste donc sur la nécessité d’accentuer les efforts en prévention. Il faut davantage aider les citoyens a adopter les bons réflexes pour leur santé, à toutes les étapes de leur vie. Les mutuelles s’y emploient déjà. Toutefois, elles voudraient pouvoir s’investir plus. Pour cela, elles demandent la levée de plusieurs freins fiscaux et réglementaires. Leur première requête : supprimer la double imposition dont elles font l’objet, à savoir la taxe sur la valeur ajoutée ainsi que la taxe de solidarité additionnelle (TVA et TSA). Elles réclament également que l’on cesse de comptabiliser le coût de leurs actions de prévention comme des frais de gestion. Enfin, elles rappellent que la possibilité de valoriser les données de santé leur permettraient de mieux cibler leurs actions.
12 propositions pour agir demain et maintenant
En janvier 2022, dans la perspective des élections présidentielles, la Mutualité Française a publié une plateforme de propositions pour bâtir des protections sociales durables et asseoir une conception globale de la santé. Dans la continuité, elle dresse ses priorités pour le prochain quinquennat et formule 12 propositions concrètes et structurantes pour améliorer notre système de santé et de protection sociale, pour les Français et avec les mutuelles.
Les 12 propositions en un clin d’œil :
Partager les efforts en faveur de la prévention : un engagement concret des OCAM et une levée des freins fiscaux
Permettre l’accès effectif aux soins de premier recours et encourager l’attractivité des métiers de santé
Appliquer un taux de TVA réduit sur les contrats des complémentaires santé ne bénéficiant pas d’un avantage fiscal ou d’une prise en charge de l’employeur et un taux super réduit pour les jeunes
Maintenir l’accès à la couverture complémentaire des parents pour les jeunes jusqu’à la détention d’un contrat à titre personnel ou à un âge limite
Revaloriser la rémunération des mutuelles gestionnaires de la Couverture Santé Solidaire
Simplifier et améliorer la prise en charge des dépenses hospitalières par les complémentaires santé
Encourager le développement des résidences d’accueil pour la période post-hospitalisation en psychiatrie et de résidences d’accueil temporaire en sortie d’hospitalisation pour les personnes âgées
Simplifier le pilotage de proximité du secteur médico-social
Mettre en place une couverture généralisée de la dépendance
Encourager le développement des couvertures en prévoyance
Co-construire avec la CNIL un cadre de référence permettant le recueil libre et éclairé des données ainsi que leur valorisation