Santé au travail : globalement préoccupante, la situation des travailleurs Néo-Aquitains diffère selon les départements.
L’Observatoire publié par la Mutualité Française dresse un diagnostic de la santé au travail. La France y fait clairement figure de mauvaise élève au sein de l’Europe. La situation est encore plus inquiétante en Nouvelle-Aquitaine, mais varie fortement d’un département à l’autre.
Publié en février, l’Observatoire de la Mutualité Française établit un diagnostic inquiétant de la santé au travail dans notre pays. La France est en tête du classement européen en termes d’accidents du travail mortels et non mortels. On observe également une explosion des déclarations de maladies professionnelles. Mais ce n’est pas tout. L’Observatoire montre aussi d’importantes disparités selon les secteurs d’activité, tant concernant les maladies professionnelles que les arrêts de travail. Ainsi, le secteur le plus à risque est clairement celui de la construction.
Des accidents du travail plus nombreux
Si la France fait figure de mauvaise élève en termes d’accidents du travail, la situation est pire encore en Nouvelle-Aquitaine. En effet, alors que l’on compte en moyenne un peu moins de 21 accidents par million d’heures travaillées en France, la Nouvelle-Aquitaine en comptabilise plus de 23. Cinq départements néo-aquitains sont même au-dessus de cette moyenne régionale. Parmi eux, 3 présentent une situation critique : la Corrèze (25), les Landes (27) et, surtout, le Lot-et-Garonne (28).
A l’inverse, la situation la plus favorable s’observe dans les Deux-Sèvres (20). Ce département présente même un taux inférieur à la moyenne nationale. C’est le seul en Nouvelle-Aquitaine.
Une pénurie de médecins du travail dans 8 départements
Alors que la santé au travail est un véritable enjeu de santé publique, la France manque de plus en plus de médecins du travail. Ils ne sont plus que 4 800 environ en 2022. Cela équivaut en moyenne à 7 médecins du travail pour 100 000 habitants. La Nouvelle-Aquitaine en compte un peu moins (6,5). Mais là encore, la situation est extrêmement contrastée d’un département à l’autre. Huit départements sont dans une situation moins favorable. Il s’agit, notamment, de la Corrèze, de la Charente-Maritime, des Deux-Sèvres et de la Creuse (entre 4 et 5), de la Dordogne (5) et, de manière moins marquée, de la Haute-Vienne et du Lot-et-Garonne (autour de 6). C’est dans le département des Landes que la situation est la plus tendue : seulement 3 médecins pour 100 000 habitants. A contrario, avec plus de 8 médecins, les Pyrénées-Atlantiques, la Charente, et surtout la Gironde (8,6), s’en sortent plutôt bien.
Une tendance qui s’aggrave partout
D’année en année, le nombre de médecins du travail décroît. La situation est la même en Nouvelle-Aquitaine que sur l’ensemble du territoire : entre 2012 et 2022, l’effectif s’est réduit de 22%. Et sans intervention, cette tendance va perdurer puisque 56% des professionnels ont plus de 65 ans. En Nouvelle-Aquitaine, 2 départements seulement ont vu leur nombre de médecins du travail augmenter ces 10 dernières années : le Lot-et-Garonne (+27%) et dans une moindre mesure, la Charente (+4%). Le déclin le plus important a été enregistré dans les Landes (-59%), mais aussi en Haute-Vienne (-47%) ainsi qu’en Corrèze (-44%). Conséquence directe : on constate une baisse de la fréquence du suivi médical des actifs. En France, en 2005, 70% des salariés déclaraient avoir bénéficié d’une visite médicale depuis moins d’un an. En 2019, ils ne sont plus que 39%. C’est la raison pour laquelle, en complément de son Observatoire, la Mutualité Française a formulé des propositions. Parmi elles : assurer de manière effective les visites médicales obligatoires en santé au travail, notamment dans la Fonction Publique, et mettre en place un service universel de santé au travail. Pour pallier la pénurie de professionnels, elle invite également à améliorer l’attractivité et les conditions d’exercice des professionnels en santé au travail.