Marisol Touraine, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé a présenté jeudi 13 décembre son plan de lutte contre la désertification médicale, au pôle de santé de Scorbé-Clairvaux dans la Vienne.
Le plan de lutte contre les déserts médicaux présenté par la Ministre se compose de 12 engagements déclinés autour de trois objectifs :
- Changer la formation et faciliter l’installation des jeunes médecins ;
- Transformer les conditions d’exercice des professionnels de santé ;
- Investir dans les territoires isolés.
En matière de formation, l’une des mesures concerne les futurs praticiens, peu familiers avec l’expérience de terrain des soins de proximité. Pour y remédier, « 100% des étudiants en médecine générale devront faire un stage dans un cabinet de médecine de ville », notent Les Echos (page 3). En théorie, indique la ministre, cette pratique est déjà obligatoire, mais dans les faits « ce n’est le cas que pour la moitié d’entre eux ».
Un autre engagement de Marisol Touraine consiste à accorder « dans les cinq ans à venir », 1.500 bourses de « service public », complète La Croix (page 7). Cette initiative n’est pas nouvelle car le gouvernement reprend ici le « contrat d’engagement de service public » mis en place par la loi Bachelot en 2009, remarquent Les Echos. Il consiste à accorder une allocation mensuelle aux étudiants pendant leur cursus universitaire, et, en contrepartie, ceux-ci s’engagent à exercer dans une zone sous-médicalisée.
« Une fois formés, poursuit Libération, ces jeunes médecins se verront garantir leur installation, pour ceux qui le souhaitent. » Pour cela, indique Le Figaro (page 24), un maillage de 200 praticiens territoriaux de médecine générale sera mis en place en 2013, avec la garantie d’un revenu net mensuel de 4 600 euros durant deux ans pour ceux qui s’installeront en zone isolée. A ce titre, un « référent installation » sera créé dans chaque agence régionale de santé (ARS).
Question revenus, une autre mesure prévoit « une rémunération forfaitaire pour favoriser le travail en équipe et la constitution de structures type maison de santé », poursuit Le Parisien/Aujourd’hui. Pour encourager l’activité de groupe, des chefs de cliniques viendront former des internes dans certaines de ces maisons, complète Libération. Dans le même sens, une autre disposition consiste à « favoriser les transferts de compétences entre professionnels pour certains actes ». Par exemple du médecin vers l’infirmier ou de l’ophtalmologue vers l’orthoptiste, écrivent Les Echos.
Comme le relève la presse dans son ensemble, ce plan ne comprend aucune contrainte. Pour la ministre de la Santé, c’est tout simplement parce que « la contrainte pèserait uniquement sur les nouvelles générations et serait contournée puisque les jeunes médecins choisissent en majorité le salariat. Je souhaite donc privilégier l’incitation à l’installation, ce qui suppose de proposer aux jeunes médecins de nouvelles conditions d’exercice », indique Marisol Touraine dans un entretien au Monde (page 9).
Alors qu’elle estime avoir proposé « des mesures de gauche que la droite n’a pas faites », certains observateurs sont plus critiques, comme au Figaro où l’on parle de plan « low-cost ». Pour l’éditorialiste Jean-Francis Pécresse des Echos (page 9), « la thérapie raisonnable mais sans envergure prescrite par la ministre de la Santé est vouée à la même inefficacité que les traitements administrés par ses prédécesseurs depuis quinze ans ».
Extrait de la Revue de presse de Frédéric Lavignette.