Plus de 10.000 cas de rougeole ont été comptés en France depuis 2008. Les bébés et les jeunes de 20 à 30 ans sont les plus touchés. Face à cette épidémie, les autorités sanitaires invitent les personnes nées après 1980 à se faire vacciner sans tarder. Pour être efficace, la vaccination doit comporter l’injection de deux doses à quelques mois d’intervalles.
Alerte à la rougeole !
La France dénombre plus de 10.000 cas en moins de trois ans. Et l’épidémie s’accélère : en janvier et février, pas moins de 3.400 déclarations de rougeole ont déjà été enregistrées. En cause : une couverture vaccinale insuffisante de la population.
Fort de ce constat, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande à toutes les personnes nées après 1980 de se faire vacciner. Le vaccin utilisé est le ROR, pour rougeole-oreillons-rubéole. Il comporte deux doses à administrer à quelques mois d’intervalle.
Première dose à 1 an
Courant mars, la secrétaire d’Etat chargée de la Santé, Nora Berra, a appelé « les jeunes de 20 à 30 ans et les parents d’enfants jusqu’à 18 ans à faire, sans délai, un effort collectif et individuel de vaccination ». Mais pour les personnes nées avant 1980, la vaccination n’est pas indiquée : souvent, le virus a été contracté durant l’enfance et suffit à les protéger.
La première vaccination doit intervenir à 1 an, voire à 9 mois si l’enfant est admis dans une collectivité. La deuxième dose de vaccin est administrée entre 13 et 24 mois ou 13 et 15 mois si la première a été injectée à 9 mois. Les enfants et les jeunes adultes jusque 30 ans sont invités à consulter leur médecin, s’ils n’ont pas du tout été vaccinés, ou s’ils n’ont reçu qu’une seule dose de vaccin.
Des complications rares mais graves
Par le passé, la rougeole touchait principalement les enfants vers 10 ans. Aujourd’hui, ce sont les bébés et les jeunes adultes qui sont les plus exposés. Or, à ces âges, la rougeole peut entraîner de graves complications : pneumonie, encéphalites aiguës.
« Elles ne sont pas fréquentes mais elles sont redoutables », insiste le Pr François Freymuth, directeur du Centre national de référence de la rougeole à Caen. « Les encéphalites peuvent laisser de graves séquelles neurologiques. »
Pourtant, certains parents pensent qu’il est préférable de contracter la maladie plutôt que de faire vacciner leurs enfants. « C’est une idée fausse », rétorque le Pr Freymuth. « Il y a eu beaucoup d’informations erronées sur le risque de certaines vaccinations qui ont semé le doute dans l’esprit des parents », déplore-t-il.
Nombreuses contagions à prévoir
La gestion très critiquée de l’épidémie de grippe A/H1N1 a fait perdre confiance dans la vaccination. « Depuis, une frange un peu plus importante de la population ne veut pas se faire vacciner », constate le Dr Pierre Divol, installé près d’Aubenas en Ardèche.
La région Rhône-Alpes a été particulièrement touchée par l’épidémie de rougeole. Elle cumule à elle seule la moitié des cas déclarés en janvier 2011. Alors que le Dr Divol n’avait plus entendu parler de cette maladie depuis 1982, il a diagnostiqué près de 10 cas ces derniers mois.
Quelle issue désormais à cette épidémie ? L’année 2011 devrait encore être marquée par de nombreuses contagions. Le nombre de malades devrait ensuite décroître selon le Pr Freymuth : « Les campagnes d’information devraient permettre d’élargir la couverture vaccinale et le virus ne devrait plus trouver de sujets récepteurs. »