"Nous voulons, au travers de cette plateforme, participer au débat public par des propositions réalistes et concrètes auxquelles les mutuelles contribuent partiellement d'ores et déjà" explique Eric Chenut, président de la Mutualité Française.
En amont des prochaines élections, la Mutualité Française publie une plateforme de propositions en lien avec la santé et la protection sociale.
« Notre système de protection sociale est soumis à des évolutions profondes et mal appréhendées, comme l’a révélé la crise sanitaire » explique Eric Chenut, président de la Mutualité Française. Aussi, le 13 janvier dernier, il a présenté une plateforme de propositions mutualistes. L’ambition : bâtir des protections sociales durables et asseoir une conception globale de la santé. Cette plateforme comprend 6 orientations politiques structurantes.
Bâtir une politique globale de prévention pour lutter contre les inégalités en santé
L’état de santé d’un individu est très peu déterminé par le système de soins. Pour aider chacun à préserver sa santé le plus longtemps possible, il faut avant tout l’aider, dès le plus jeune âge, à adopter de bons réflexes et bons comportements. Pour ce faire, une politique de prévention ambitieuse et transversale s’avère indispensable.
Les propositions mutualistes : – Développer le secteur de la petite enfance et mieux accompagner les parents, notamment ceux en difficultés – Protéger et recouvrer le capital santé des Français, notamment en favorisant l’activité physique régulière
Renforcer un égal accès aux soins
Tous les citoyens ne disposent pas d’un égal accès aux soins. Certains sont confrontés à une pénurie de professionnels ou de structures de soins sur leur territoire. D’autres hésitent à consulter un professionnel. En effet, les dépenses de santé restant à leur charge après le remboursement de la sécurité sociale demeurent trop élevées.
Les propositions mutualistes : – Permettre l’accès effectif aux soins de premier recours – Encourager les métiers de la santé, notamment en cherchant une juste rémunération des professionnels de la protection sociale et en facilitant leur pratique quotidienne
– Réduire les inégalités face aux restes à charge
Rendre la santé accessible, inclusive et protectrice du bien-être psychique et physique de chacun
En France, chaque année, 13 millions de personnes sont concernées par des troubles psychiques. La situation s’est même encore fortement dégradée avec la crise sanitaire. Malheureusement, de nombreux problèmes de prise en charge subsistent. La majorité des psychiatres exercent dans les grandes agglomérations. Les souffrances physiques et psychiques sont souvent mal dépistées. Enfin, les signaux d’alerte et les symptômes pathologiques sont peu connus.
Les propositions mutualistes : – Former, informer, dépister pour améliorer la santé et le bien-être – Faire de la médecine une discipline plus inclusive
Réinventer les solidarités pour favoriser l’émancipation et garantir l’autonomie
Notre société est confrontée à plusieurs enjeux générationnels qu’il faut accompagner. En premier lieu, il faut réinstaurer la confiance des jeunes dans les institutions, notamment politiques, et aussi les soutenir au travers du système de protection sociale. Il faut aussi prendre en compte le vieillissement de la population. De fait, ce dernier va fortement affecter le système de retraite et de santé. Il va aussi accentuer les besoins liés à la perte d’autonomie. Dernier enjeu : il est nécessaire de prévenir d’éventuelles tensions entre les générations.
Les propositions mutualistes : – Réinterroger les solidarités intergénérationnelles – Généraliser la prévoyance pour tous les actifs et encourager l’épargne retraite
– Organiser un accompagnement de la perte d’autonomie qui garantisse la liberté de choix du lieu de vie et limite le reste à charge
– Faciliter l’aide et l’entraide en accompagnant mieux les aidants
Imaginer et mettre en œuvre les solutions de demain
La transition numérique est en marche avec de nombreuses démarches qui s’effectuent désormais en ligne. Mais, l’existence de « zones blanches », le coût des équipements informatiques et d’éventuelles réticences face aux nouveaux usages, peuvent générer de l’exclusion. Il est donc nécessaire d’être attentif à ce que la transition numérique n’occasionne pas de nouvelles ruptures d’égalité dans l’accès aux droits.
La transition climatique doit, quant à elle, s’accélérer. En effet, le changement climatique favorise notamment la propagation d’épidémies. Et d’une manière plus globale, la santé dépend davantage de l’environnement que de facteurs génétiques, ou encore du systèmes de soins.
Les propositions mutualistes : – Agir ensemble pour développer des solutions innovantes, socialement et environnementalement mieux-disantes – Mettre les données de santé, sociodémographiques et épidémiologiques du Health Date Hub au service de la conception, de la mise en œuvre et de l’évaluation des stratégies et des actions de prévention
Rechercher de nouveaux droits dans le respect de règles éthiques et en accordant plus de place à la société civile
Les décisions publiques en matière de protection sociale et de santé, reposent trop souvent sur des approches comptables, visant une régulation des dépenses. Or, il faut davantage réfléchir à la soutenabilité de notre système de protection sociale à plus long terme.
De même, de nombreux sujets éthiques émergent. Ils nécessitent davantage de concertation.
Les propositions mutualistes : – Placer la personne au cœur de la prise de décision lui permettant de choisir une fin de vie digne et respecter ses choix
– Revoir les indicateurs socio-économiques d’évaluation des politiques en s’intéressant prioritairement à la santé et au bien-être
– Mettre en place un organe issu de la société civile, incluant les usagers et les mutuelles, chargé de bâtir et d’évaluer, pour les années à venir, les protections sociales durables.
Les propositions ont été présentées en amont du Grand Oral organisé par la Mutualité Française au Palais Brongniart à Paris le 1er mars prochain. Ce dernier accueillera les candidats à la présidentielle qui viendront débattre de leur programme en santé.