Peur du résultat, manque de temps : nombreuses sont les femmes qui sont réticentes au dépistage du cancer du sein. A l’occasion d’Octobre rose, mois dédié à la prévention et au dépistage de ce cancer depuis six ans, une nouvelle campagne de mobilisation fait appel à leur entourage pour les convaincre de passer une mammographie.
« Vous aussi, mobilisez les femmes que vous aimez. » C’est le message de la 6e édition d’Octobre rose, couleur symbolisant la mobilisation de la France contre le cancer du sein. Pour la première fois, la campagne nationale annuelle en faveur du dépistage organisé, appelant les femmes de 50 à 74 ans à faire pratiquer une mammographie, s’attaque aux personnes encore réticentes. Elle fait appel à leurs proches pour les convaincre.
« Ce dépistage gratuit a fait la preuve de son efficacité, notamment grâce au système de double lecture des mammographies. Il a permis à 80.000 femmes de bénéficier d’une prise en charge de leur cancer à un stade précoce », souligne Sophie Delaporte, directrice générale adjointe de la Santé (DGS). Or, si le nombre de Françaises y participant depuis sa mise en place en 2004 a progressé de 11%, il stagne à 53%, « avec des inégalités géographiques et socioculturelles », note-t-elle en précisant que ce taux est inférieur à la moyenne européenne.
C’est du cancer dont il faut avoir peur, pas du dépistage
Les « freins » au dépistage sont multiples et multiformes. « Quand ma mère m’a dit qu’elle n’avait pas fait de mammographie depuis trois ans, je l’ai encouragée à profiter du mois d’octobre pour prendre un rendez-vous mais elle m’a répondu qu’elle n’avait plus besoin d’y retourner, puisqu’il n’y avait rien la dernière fois », raconte Delphine, 28 ans. « Une fois, ça ne suffit pas : il faut le faire régulièrement, tous les deux ans », réagit Sophie Delaporte.
L’impression qu’une seule fois suffit est ainsi l’une des principales raisons évoquées, avec le manque de temps, la peur du résultat, ou encore l’impression de ne pas être concernée. « Peur du résultat ? C’est du cancer qu’il faut avoir peur. Pas le temps ? Au contraire, on en gagne sur la maladie ! », commente la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. « Se faire dépister est un geste qui accroit les chances de vivre plus longtemps et en bonne santé. Nous misons sur l’entourage pour relayer ce message. »
Dans ce but, le Pr Dominique Maraninchi, président de l’Institut national du cancer (Inca), engagé dans la campagne aux côtés du ministère de la Santé, a présenté une brochure de « fiches synthétiques reprenant chacun des 14 freins au dépistage les plus exprimés, en apportant les arguments susceptibles de les lever ».
Diagnostiqué à temps, guéri à 90%
En France, le cancer du sein est à la fois le plus fréquent et celui qui occasionne le plus de décès : en 2010, on a compté 52.500 nouveaux cas (37% du total des cancers recensés), « et statistiquement, 11.300 femmes en mourront », explique Sophie Delaporte. Toutes les femmes ont, dans leur entourage, au moins une personne souffrant de ce mal. Or, « plus il est détecté à un stade précoce, quand la tumeur est encore impalpable, moins le traitement est lourd et plus le pronostic de survie à cinq ans s’améliore, jusqu’à 90%. »
Mené régulièrement, le dépistage organisé permet ainsi de limiter le risque de passer à côté d’un cancer du sein, et joue un rôle majeur dans l’amélioration de la prise en charge des malades. Toutefois, il ne constitue pas la seule arme contre ce cancer : « la prévention et l’éducation, notamment des couches les plus vulnérables de la société, en sont les compléments indispensables », conclut Roselyne Bachelot.
Alexandra Capuano