80 ans de la Sécurité sociale : sans les mutuelles, rien n’aurait été possible !

Alors que la Sécurité Sociale fête ses 80 ans, n'oublions pas que les mutuelles ont joué un rôle de laboratoire, de levier politique et d'alliés dans la construction d'un système universel.

A l’heure où la France fête les 80 ans de la Sécurité sociale, retour sur le rôle pionnier des mutuelles dans la protection sociale.

Aux origines : des ouvriers qui s’organisent

Bien avant la création de l’un des piliers de l’Etat Providence, la solidarité venait des citoyens eux-mêmes. En effet, dès le XIXe siècle, dans les ateliers et les villages, les ouvriers, les artisans, s’organisent. Pour faire face aux coups durs de la vie, ils prennent une décision : mettre au pot commun. Les premières sociétés de secours mutuel apparaissent. Maladie, invalidité, décès : ces caisses d’entraide offrent un filet de sécurité. Le principe ? Chacun cotise selon ses moyens. Chacun reçoit selon ses besoins. « La Mutualité fut la première grande école de solidarité sociale dans notre pays » soulignait Pierre Laroque, père fondateur de la Sécurité sociale.

La pression monte

Dans les années 1930, la demande de justice sociale monte. À la Chambre des députés, le mutualiste Émile Bollaert lance un appel : « Il n’est plus possible que la solidarité reste seulement volontaire. Elle doit devenir un droit garanti à tous. »  Ouvriers et syndicats en appellent également à la généralisation des mécanismes assurantiels. Le Conseil national de la Résistance réfléchit alors à bâtir un système universel. L’expérience mutualiste est sous les yeux de tous. Certaines mutuelles proposent déjà des formes de couverture collective pour les salariés d’entreprise. «Les mutuelles ont été le banc d’essai grandeur nature de la Sécurité sociale » résume l’économiste Frédéric Bizard.

1945 : naissance de la Sécurité sociale

Octobre 1945 : les ordonnances fondatrices de la Sécurité sociale sont adoptées. Elles posent les bases d’un système obligatoire de protection sociale à large couverture. Les mutuelles auraient pu disparaître. Elle se repositionnent. En 1946, elles fond le choix de s’intégrer dans le nouveau système. Elles n’administrent plus la protection obligatoire mais se spécialisent dans le champs dit de la « complémentaire santé ». Concrètement, elles rembourseront une partie des dépenses qui restent à la charge des patients : c’est le fameux « Ticket modérateur ».

Aujourd’hui : toujours côte à côte

Huit décennies plus tard, la complémentarité perdure. Toutefois, les défis se multiplient. Explosion des maladies chroniques, vieillissement de la population, innovations médicales, contraintes économiques… : la question de l’équilibre entre les remboursements assurés par le régime obligatoire et les complémentaires santé reste vive. La Mutualité Française formule des propositions pour garantir à la fois la soutenabilité de notre système de santé et l’accessibilité aux soins pour tous. En effet, depuis leur origine, les mutuelles n’ont jamais cessé d’être d’abord le laboratoire, puis l’alliée de la Sécurité sociale. « La Sécu et les mutuelles sont les deux jambes de notre système solidaire. L’un ne peut avancer sans l’autre » rappelait Thierry Beaudet, ancien président de la Mutualité Française et actuel président du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE).